20 août 1955 dans le nord-constantinois

 

20 août 1955 dans le nord-constantinois : Un tournant dans la guerre d'Algérie ?

Par Roger Vetillard 

Riveneuve éditions (26 avril 2012)

Roger vetillard 1 re de couv

Une étude très approfondie sur les massacres du 20 août 1955, à partir de documents inédits de la ville de Philippeville, des archives de la gendarmerie et de l’armée, et des témoignages de 53 Français et 11 Algériens, dont 5 anciens de l’ALN.

 

"Visant Constantine, Philippeville et de nombreux centres du nord-constantinois, un sanglant mouvement insurrectionnel déclenché samedi à midi est écrasé en quelques heures" titre L'Echo d'Alger du 21 août 1955.

Zirout Youssef, responsable FLN du Nord Constantinois, décide de lancer, le 20 août à midi, une attaque généralisée contre 40 localités, afin de venir en aide aux rebelles de l’Aurès qui sont aux prises avec les paras de Ducournau. Il dispose d’à peine 200 hommes armés qui devront soulever la population, laquelle ne s’engage pas dans la révolution. 12000 musulmans sont mobilisés. Les objectifs de Zirout sont de récupérer de l’armement, d’éliminer les traîtres pro-français, et de provoque des représailles irréparables. Ses propagandistes affirment que l’armée de Nasser et les Américains soutiennent ce soulèvement raciste. Dans la plupart des localités, les djounoud restent en retrait et poussent en avant les femmes et les enfants. ,

L'attaque vise simultanément une quarantaine de centres dans le nord constantinois. On parle de "massacres des Européens"

L’action la plus importante vise Philippeville, ville de 70.000 habitants, où des masses de civils, manifestement drogués, avancent dans les rues sans se soucier de lourdes pertes. L’armée et la police sont en effet alertées et bloquent brutalement les manifestants. En revanche, la mine d’El Halia et le village d’Ain Abid ne sont pas protégés, et les Européens y subissent d’horribles atrocités [1].

Le bilan, minutieusement vérifié, est de 133 Français d’Algérie [2], 53 militaires et policiers, et 36 Français-musulmans dont le neveu de Ferhat Abbas. La répression militaire aurait fait 700 morts le 20 août, et les vengeances de civils plus de 2000 tués les jours suivants (et non les 12000 revendiqués par le FLN)

Au travers de l'étude de nombreuses sources françaises (administration, justice, police, armée, militaires appelés, pieds-noirs, presse) et algériennes (membres du FLN et de l'ALN, presse, archives), complétée par une importante recension de la presse mondiale, l'auteur revient sur les causes invoquées de ce soulèvement qui sont nombreuses et parfois hypothétiques. Il retrace l'organisation minutieuse de l'insurrection comme de la répression et analyse leurs conséquences sur ce qui allait devenir la guerre d'Algérie :

Les conséquences de ce soulèvement sont en effet tragiques :

« C’est la guerre, il fait la faire »,déclare le gouverneur Soustelle, qui abandonne l’idée d’une politique libérale [3],

- la fracture entre les communautés s’aggrave, elle donne naissance au contre-terrorisme de certains Européens [4]

 sans être exactement une répétition des massacres du 8 mai 1945, ces violences préfigurent celles de la guerre civile des années 1990.

Guy Pervillé met en lumière l’objectivité historique de l’auteur [5] , qui met à mal les erreurs grossières de Claude Mauss-Copeaux, et la présentation tendancieuse des films de la Fox Moviétone. Cet ouvrage montre que des travaux rigoureux peuvent réviser des idées reçues.

 

 

Roger vetillard photo

Roger Vétillard, médecin cancérologue pneumologue, est né à Sétif en 1944. Passionné par l'histoire de l'Algérie contemporaine, il y consacre de nombreuses recherches. Il est l'auteur de "Sétif, mai 1945: massacre en Algérie" (éditions de Paris, Versailles, 2008) qui a reçu le prix Robert Cornevin de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer (2008).

 

Entretien avec Roger Vetillard à propos de son livre

 

 

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