Albert Camus journaliste
« Albert Camus journaliste », tome I, de Pierre-Yves Cazin
. 162 pages.. Ed. Kaïros. 25 aout 2014
En relisant tous les articles consacrés à l’Algérie écrits par Albert Camus, Pierre-Yves Cazin a trouvé l’angle de « son » livre sur l’homme, l’écrivain et le journaliste qu’il admire.
Albert Camus et Pierre-Yves Cazin, c’est une longue histoire. « Une passion qui remonte à mes 11 ou 12 ans, quand j’ai commencé à lire Camus », se souvient le journaliste nancéien. Une telle découverte à cet âge-là a de quoi marquer. « Il écrivait des choses qui m’intéressaient, et il les écrivait si bien ! » Avoir comme l’écrivain vécu plusieurs années à Alger a sans doute permis à Pierre-Yves Cazin d’élargir son prisme de lecture au fil des pages. « C’est un point commun qui crée des sympathies, c’est sûr, mais c’est d’abord son écriture qui m’a fasciné, et que je continue à trouver passionnante », assure l’auteur. « J’étais en Algérie de 1954 à 1962, en pleine guerre d’indépendance, et quand je questionne mes parents sur l’appel à la trêve civile de Camus paru en janvier 1956, ça ne leur rappelle rien ! » La famille Cazin est alors occupée à s’agrandir avec l’arrivée de la petite sœur de Pierre-Yves, et les articles de presse ne sont pas sa préoccupation première. « Je n’ai jamais vu un Alger Républicain à la maison », sourit Pierre-Yves Cazin. Qui s’est bien rattrapé depuis ! En se plongeant dans tous les articles de la presse quotidienne signés Camus et qui concernent l’Algérie. Car ce premier livre consacré à « Albert Camus journaliste » évoque ses collaborations à Alger Républicain, Soir Républicain et à L’Express. Un second tome sortira en mars prochain consacré à son travail pour le journal Combat.
« J’avais toujours voulu écrire sur Albert Camus, mais des biographies très bien faites existent déjà. Je ne voulais pas faire une thèse non plus, alors le livre est en catégorie Essai : c’est celui d’un journaliste qui met en avant un autre journaliste », explique Pierre-Yves Cazin, avec l’humilité fondamentale du métier, si souvent mise à mal aujourd’hui. De son « maître », celui qui participa activement à la création des radios libres en Lorraine pourrait parler des heures. Comme d’un compagnon de route dont on connaît l’engagement autant que le caractère. La force autant que la faiblesse. Et dont on aime tout. « Je considère que sur le plan intellectuel, Camus est une référence. » Mais le seul objectif de son ouvrage est de présenter Camus sous un angle que l’on connaît peu. « Après tout, sur une carrière littéraire de près de 25 ans, il a été journaliste six ans seulement ! » Un journaliste qui dénonçait déjà en 1958 la surabondance d’information… « Je me demande ce qu’il dirait maintenant. »
Fidélité à ses origines, rejet des compromissions, engagement contre toutes les formes d’inégalité : le « credo camusien » méritait d’être mis en lumière. « Camus journaliste avait des exigences. Avons-nous encore les moyens d’en avoir en tant que journaliste d’aujourd’hui ? Je ne sais pas, mais on peut au moins se souvenir, se rappeler certaines valeurs fondamentales », estime Pierre-Yves Cazin. Et continuer à les véhiculer. Obstinément.
Valérie Suisset
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021