Le putsch des généraux du 22 avril 1961

22 avril 1961 :  Le Putsch des Généraux

Les quatre generaux putschistes

Les quatre généraux putchistes

Le général d'aviation Maurice Challe (55 ans), qui fut nommé commandant en chef en Algérie par le président de Gaulle, à la place du général Raoul Salan, est à l'origine d’une victoire militaire incontestable sur le FLN incontestable avec, au bilan du «Plan Challe», du 6 février 1959 au 6 avril 1961 : 26.000 adversaires tués, 10.800 prisonniers, 20.800 armes récupérées.

Amer, le général a démissionné quelques mois plus tôt de son nouveau poste de commandement, à l'OTAN. Il est sollicité par un petit groupe de colonels en opération en Algérie, indignés par la tournure des événements. Ces militaires d'active, qui ont été défaits en Indochine, ne supportent pas de perdre l'Algérie sans avoir été, cette fois, battus.

Après la conférence de presse présidentielle du 11 avril 1961 décidant d’un referendum sur l’autodétermination, Challe se décide à franchir le Rubicon. Il convainc l'ancien général d'aviation Edmond Jouhaud (55 ans) et le général d'artillerie André Zeller (63 ans) de le rejoindre dans une nouvelle «Révolution». Il s'agit de réitérer le coup du 13 mai 1958, cette fois contre le général de Gaulle.

 

Le 20 avril 1961, au soir, Challe reçoit discrètement à Alger le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, chef par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (la Légion étrangère). Il l'invite à le rejoindre dans le complot organisé avec le général Edmond Jouhaud et également le général André Zeller.

Helie denoix de saint marc

Hélie Denoix de Saint Marc

C'est chose faite avec la prise de contrôle d'Alger par les parachutistes de Denoix de Saint Marc, dans la nuit du 21 au 22 avril.

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À l'aube du samedi 22 avril, à 8h45, le général Challe s'exprime sur Radio-Alger : «Officiers, sous-officiers, gendarmes, marins, soldats et aviateurs : je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud et en liaison avec le général Salan pour tenir notre serment : garder l'Algérie». La radio peut annoncer que «l'armée s'est assurée du contrôle du territoire algéro-saharien».

 

Tandis que les putschistes s'agitent à Alger, le général de Gaulle assiste à une représentation de Britannicus à la Comédie française en compagnie du président du Sénégal Léopold Senghor. Il feint de n'être au courant de rien mais, dans les faits, est informé minute après minute des événements.

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, le gouvernement fait arrêter à Paris les sympathisants des putschistes, qui avaient déjà été de longue date identifiés grâce aux bavardages entre militaires. Tout est fini à six heures du matin. On n'a à déplorer que quelques attentats au plastic, à Orly et à la gare de Lyon.

En Algérie même, Challe se contente d'arrêter les représentants du gouvernement. Il se refuse à armer les Pieds-noirs qui le soutiennent.

Il a la satisfaction d'être rejoint par le prestigieux général Raoul Salan (62 ans), qui a quitté son exil espagnol à la barbe des autorités et est arrivé à Alger le dimanche 23 avril. Raoul Salan est celui-là même qui, le 15 mai 1958, a fait acclamer le nom du général de Gaulle à Alger.

Les quatre généraux forment un «Conseil supérieur de l'Algérie». Mais ils n'arrivent pas à rallier les officiers de haut rang et se heurtent surtout à l'hostilité des jeunes appelés du contingent, indifférents pour la plupart à ces querelles sur l'avenir de l'Algérie.

Contre-attaque verbale

Charles de Gaulle laisse les généraux factieux s'enferrer, avec le secret dessein de dramatiser la situation pour resserrer les citoyens autour de lui et des nouvelles institutions de la Ve République, encore très fragiles.

Le dimanche soir 23 avril, il apparaît en uniforme à la télévision et lance des mots qui font mouche : «Un pouvoir insurrectionnel s'est installé en Algérie par un pronunciamiento militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite... Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer la route de ces hommes-là... J'interdis à tout Français et d'abord à tout soldat d'exécuter aucun de leurs ordres...».

 

Question de vocabulaire

Le mot «quarteron» désigne habituellement un quart de pièce ou un enfant de blanc et mulâtre ; plus rarement, il est employé de façon ironique comme synonyme de quatuor, groupuscule ou petit groupe de personnes. Il s'est acquis une soudaine notoriété depuis que le général de Gaulle l'a employé sous ce sens.

Dans la nuit, le Premier ministre Michel Debré dramatise la situation, mais sans échapper au ridicule. «Dès que les sirènes retentiront, allez, à pied ou en voiture, convaincre ces soldats trompés de leur lourde erreur», lance-t-il à son tour à la télévision. Avec le concours efficace du préfet Maurice Papon, il laisse croire que les militaires factieux d'Algérie pourraient atterrir sur les aérodromes métropolitains. Des chars prennent position devant l'Assemblée nationale !

 Chars devant l assemblee nationale

Chars devant l’Assemblée Nationale

Le lendemain lundi, les syndicats organisent symboliquement une grève générale d'une heure qui est massivement suivie. C'en est fini de l'insurrection algéroise.

Le mardi 25 avril, le gouvernement reprend en main la radio d'Alger cependant qu'Hélie Denoix de Saint Marc et Maurice Challe se livrent aux autorités. Ils seront amnistiés cinq ans plus tard, en 1968, de même qu'André Zeller.

Les hommes du 1er REP, résignés, repartent à la guerre en chantant : «Non, je ne regrette rien...» Quant aux généraux Salan et Jouhaud, ils rentrent dans la clandestinité et prennent la tête de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), créée à Madrid deux mois plus tôt.

Pendant le putsch d'Alger, les négociations secrètes engagées entre le gouvernement français et les représentants du GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) ne se sont pas interrompues, d'abord à Melun, en juin 1960, puis à Évian...

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 21/04/2022