Les juifs d'Oran. Une communauté plurielle
Par Hubert A. Bénichou
On pourrait dire qu'il a existé trois grandes communautés juives à Oran. Tout d'abord, les locaux, ceux qu'on pourrait qualifier, avec prudence, de "Juifs algériens" : des Juifs berbères d'Algérie, sans autre origine que cette terre, profondément enracinés dans l'histoire du pays.
Ensuite, il y avait les Juifs tétouanais, arrivés massivement entre 1850 et 1860, fuyant la guerre marocco-espagnole. Très européens dans leurs manières, ils se sont vite assimilés à la culture française et, contrairement aux autres, ont reçu précocement la nationalité française via le Sénatus-consulte.
Enfin, une immigration progressive de Juifs marocains arabophones, venant de Fès, Oujda, Mogador, arrivait régulièrement par petits groupes. Oran, par ailleurs, a souvent servi de lieu de transit pour des Juifs marocains en route vers Israël, particulièrement à partir du milieu des années 50. Mes parents, par exemple, ont accueilli des cousins marocains de mon père, qui y ont séjourné temporairement avant de partir pour Israël. On pourrait même dire qu’une bonne moitié, voire une majorité relative, des Juifs d’Oran et d’Oranie, étaient marocains ou français d’origine marocaine.
Les deux premiers groupes ont fini par se fondre l'un dans l'autre et l'autre progressivement s'est greffé aux premiers quand il n'était pas à Oran en transit pour une émigration vers Israël comme ce fut le cas pour nombre d'entre-eux. Mon père a logé des cousins Marocains qui passaient par Oran pour se rendre en Israël à une époque où le Maroc avait formellement interdit l'émigration juive en terre promise.
Quelques cas de Juifs Marocains restés en Algérie indépendante faute de ne pas pouvoir être rapatriés et qui y sont morts. Je pense notamment au gardien du cimetière juif et sa mère, Mr.Chetrite décédé en 2010 et qui était le dernier Juif d'Oran voire peut être de l'Algérie (à confirmer ?)
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Date de dernière mise à jour : 19/11/2024