ד L’Opération Torche dans le miroir du cinéma (1944-2021)

 

L’Opération Torche dans le miroir du cinéma (1944-2021)

Par Yehuda Moraly

À l’occasion des 80 ans de la date hébraïque de l’Opération Torche (et j’expliquerai plus tard quelle importance a cette date hébraïque), 28 Hechvan תש"ג, j’aimerais comparer quatre films qui s’y réfèrent : Candlelight in Algeria (1944), Le grand rendez-vous (1950), La nuit des dupes (2015) et L’Algérie sous Vichy (2021). Chaque fois, au fil du temps et des mentalités, l’événement est vu d’une manière différente, en particulier le rôle qu’y joue la France et celui du groupe des résistants qui neutralisèrent la ville d’Alger pendant quinze heures et permirent aux troupes alliées d’entrer à Alger sans trop de pertes. Au fil des 80 ans qui séparent le premier et le dernier film, on voit dans le traitement du sujet, l’émergence d’une identité juive, d’abord niée, effacée, puis nettement affirmée.

Candlelight in Algeria (George King, Angleterre, 1944).

Le premier de ces films est un film d’espionnage britannique, Candlelight in Algeria  (Une lueur de chandelle à Alger), mis en scène par George King, tourné immédiatement après les événements, en 1944, quand la guerre n’est pas encore terminée. Son lien avec l’Opération Torche est plus étroit qu’il ne paraît. En France, c’est d’ailleurs sous le titre Opération Torche qu’il fut distribué. Tout se passe en Algérie et en Tunisie, de 1942 à 1943. Un agent secret anglais, Alan Thurston, entre par effraction dans la villa d’une femme sculpteur américaine, Susan Foster, qui passe l’hiver à Biskra. Alan est à la recherche d’un appareil photo contenant le plan du lieu d’une rencontre secrète qui doit avoir lieu, en Algérie, entre des généraux anglais et américains et des forces résistantes locales. Susan Foster parvient à s’emparer de l’appareil qui se trouve entre les mains des Allemands. Le film culmine avec cette rencontre secrète, dans une ferme près de la mer et à la fenêtre de laquelle brille une chandelle (d’où le nom du film), signalant l’endroit aux généraux arrivant de la mer. Mais les Allemands surviennent. Susan et Alan parviennent à détourner l’attention des Allemands pour permettre aux généraux américains, arrivés en sous-marin puis en kayak, de regagner les sous-marins dans lesquels ils étaient arrivés.

Tout cela peut sembler excessivement rocambolesque mais on aura reconnu les faits historiques ayant précédé et permis l’Opération Torche. Le 23 et le 24 octobre 1942, à la ferme des Tissier, près de Cherchell, le Général américain Mark W. Clark, le Général Lyman Lemnitzer et un Lieutenant de commandos britanniques ont rencontré le groupe français des résistants au gouvernement de Vichy, le Général Mast, le Colonel Jousse, Henri d’Astier de la Vigerie et Bernard Karsenty. Ils ont fixé les conditions du débarquement anglo-américain et la manière dont les résistants vont pouvoir aider à son déroulement. Dans la réalité, la réunion fut interrompue par l’arrivée soudaine de la police. Et dans le film (sans doute inspiré par un entretien du Général Clark, reproduit dans la presse en 1942), la réunion est également interrompue. Susan et Alan font alors gagner du temps aux généraux anglais et américains en détournant l’attention de la troupe allemande, venue arrêter tout le monde. C’est un peu la manière dont les résistants ont neutralisé, par ruse, les forces de Vichy en permettant (à Alger du moins) aux Alliés d’entrer dans la ville sans combat.

Différence essentielle (et tellement significative) avec la réalité : dans le film anglais de 1944, les ennemis des Anglais et des Américains sont allemands. Ils sont montrés comme tout-puissants à Alger. Dans le film, figurent deux types d’Allemands, conformes aux stéréotypes du film d’espionnage. Le Docteur Muller est un personnage cynique, cruel et prodigieusement rusé. Le Colonel Von Allen est au contraire un Allemand borné dont la lourdeur donne au film quelques instants comiques. Cette vision des choses est évidemment complètement contraire à la réalité historique. En 1942, il n’y avait pas d’armée allemande à Alger. Les forces qui s’opposent aux forces alliées sont françaises. Le film donne le rôle des Français aux Allemands. Les Françai, eux, sont montrés comme de sympathiques idiots ou des personnages pathétiques (la jeune prostituée qui meurt, abattue par les Allemands, avec un pendentif représentant la Tour Eiffel dans sa main). En 1944, même en Angleterre, on ne peut pas montrer une France collaboratrice. Les Français sont des victimes, pas des bourreaux. Quant aux Juifs et leur rôle dans l’affaire, il n’en est absolument pas question.

Le Grand rendez-vous (Jean Dréville, France, 1950).

Le deuxième film est un film français, Le Grand rendez-vous sorti en 1950. L’équipe du film comporte de nombreux Juifs, comme c’était le cas dans l’immédiat après-guerre, procédé qui tendait à réparer les années (1940-1944) où les Juifs étaient interdits dans le théâtre et le cinéma français. Le metteur en scène Jean Dréville a eu quelques problèmes avec les tribunaux d’épuration à la Libération, vu son intense activité cinématographique pendant la guerre et sa collaboration avec la Continental allemande et Nova Films, maison de production ayant produit des films de propagande antisémite. Mais son assistant, Ralph Habib est juif ainsi que le musicien Joseph Kosma, Juif hongrois. Le producteur Adolphe Osso est né en Palestine, à Sfad. Il a réussi à échapper aux lois raciales et reprend son métier de producteur après la guerre. La personne qui a écrit le premier état du scénario est Guy Calvet, de son vrai nom Guy Cohen. C’est un des héros de la résistance d’Alger. Avec son frère Elie, il tenait un magasin de voitures Elysée Couture qui servait de lieu de rencontre aux résistants. Le coscénariste, Jacques Rémy, a pour vrai nom Raymond Assayas. L’auteur des dialogues est André Tabet, autre nom juif algérien.

Le scénario écrit donc par un des acteurs de l’Opération Torche semble très fidèle aux événements historiques. Le film se présente d’ailleurs comme un film extrêmement fidèle à ce qui s’est passé à Alger en novembre 1942. Tous les personnages sont des personnages à clé. Le Baron Darvet est Henri d’Astier de la Vigerie où Jacques Lemaigre-Dubreuil, un membre du « Groupe des Cinq », mis en valeur dans le scénario. Le commissaire Basquet le commissaire André Achiari. Le Capitaine Dariel, chef des chantiers de jeunesse, est le Colonel Van Heck, chef des chantiers de Jeunesse. Le frère Saint Michel est l’abbé Cordier, bras droit de Henri d’Astier de la Vigerie. Le Docteur Levi Solal est José Aboulker. Guy Calvet est devenu Cora, propriétaire de Alger Couture où se réunissent les résistants. Le Général Clark apparaît sous son nom ainsi que le Général Mast. Roger Forestier, le traitre envoyé par Vichy pour démanteler le réseau est Bègue, un policier au service de Vichy qui était chargé de récupérer les sympathisants gaullistes. Le Consul américain est Murphy, le Consul américain à Alger. Si l’héroïne du film, Colette Darbier, s’appelle Colette c’est peut-être une allusion à Colette Aboulker, la sœur de José qui faisait, elle aussi, partie du groupe. François Darbier, son frère, prononce à la radio le discours du Général Giraud, comme l’a fait dans la réalité Stéphane Aboulker, se faisant passer pour le Général Giraud, qui attendait à Gibraltar la fin des opérations qu’il était supposé diriger. Il meurt, tué d’une balle dans le dos alors qu’il venait pour discuter des conditions comme Jean Dreyfus, l’Officier français tué par une balle dans le dos alors qu’il était venu entamer des pourparlers avec les soldats français. Là aussi, comme dans le film anglais, ceux qui tuent sont allemands, pas français. Les scénaristes (Jean Dréville et Jacques Rémy qui ont travaillé sur le matériel historique de Guy Calvet) ont ajouté un personnage d’Officier allemand, le Colonel Von Staffen, central dans le film et les opérations militaires, alors que les troupes chargées de rétablir l’ordre étaient françaises.

La présence juive est seulement suggérée par le nom du Dr Levi Solal, double de José Aboulker, qui n’était qu’étudiant en médecine. L’acteur qui joue le rôle (Raphaël Patorni) n’est pas juif et n’en a pas l’air. Le peu de présence juive que ce nom pourrait évoquer est neutralisé par la présence, très forte, de l’Abbé Michel qui, lui, avec sa soutane est très présent dans le film. Les deux actes de cette nuit héroïque, la prise de parole à la radio de Raphaël Aboulker et la mort de Jean Dreyfus, sont attribués au même personnage, François Darbier, qui n’a évidemment rien de juif. Disparition, donc, de la présence juive et disparition du rôle négatif des troupes de Vichy. Les Français ne sont pas les méchants et les Juifs ne sont pas les bons. L’invention du Colonel Von Staffen et de ses redoutables troupes permet de montrer Alger occupé par les Allemands, pas par les Français. Les Français sont seulement victimes.

Le même phénomène se produit cinq ans plus tard dans le film Nuit et brouillard (1955) d’Alain Resnais. C’est un film commandité à l’occasion des dix ans de la libération d’Auschwitz. Un résistant français, Jean Cayrol, en a écrit le texte où le mot « Juif » n’est prononcé qu’une seule fois en passant (« un étudiant juif »). Auschwitz est donc présenté comme un lieu d’extermination de résistants français, pas de Juifs. Dans le film, figurait une photo de policier français gardant les portes du camp d’internement de Beaune la Rolande (par erreur, dans le film, on dit que c’est celui de Pithiviers). La censure française demande, en 1955, la suppression de ce plan. Il est impossible de montrer une participation française au phénomène des camps (il y en avait pourtant près de 200 sur le sol français et seize en Algérie). Pas de Juifs, en 1950, et les Français sont seulement des victimes.

La nuit des dupes, Rami Kimhi, Israël, 2015.

Il en sera évidemment tout autrement dans le troisième film considéré, un film israélien, La nuit des dupes, mis en scène par Rami Kimhi, en 2015. Rami Kimhi enseigne à l’Université d’Ariel et il a découvert par hasard le livre de Gitta Amipaz-Silber, La résistance en Algérie 1940-1942, Ruben Mass, 1983. Le livre a d’abord été écrit en français puis traduit en hébreu. Son optique est résolument juive et elle montre, pour la première fois je crois, que l’essentiel des résistants d’Alger était Juifs. Le livre montre que l’intervention des Américains a sauvé la population juive d’un sort plus terrible encore que celui qui les accablait, fin 1942.

Gitta Amipaz-Silber parle aussi de ce phénomène très peu connu, des camps de travail forcé que le régime de Vichy avait installés en Algérie et qui étaient déjà peuplés de nombreux prisonniers juifs.

Rami Kimhi retrouve à Paris d’anciens résistants (Jacques Zermati, Max Danan, Bernard Pauphilet, etc…). Il les interviewe et leurs témoignages sont mêlés à une reconstitution des faits tournée en Israël. Il a travaillé avec des moyens extrêmement limités. Le résultat donne, en Israël, du moins, le signal d’un intérêt pour ce cas d’héroïsme juif qui était jusqu’alors complètement inconnu. Sa ligne prolonge celle de Gitta Amipaz-Silber.  La nuit du 7 et la journée du 8 novembre 1942 consacrent des actes d’héroïsme juif. Rami Kimhi tombe peut-être dans l’excès contraire : ne sont pas vraiment mentionnés les non-Juifs, centraux pourtant dans les événements. Le rôle du « Groupe des Cinq », les monarchistes dont le chef, Henri d’Astier de la Vigerie, s’était pris d’amitié pour José Aboulker. Et les membres du gouvernement de Vichy qui ont permis l’action des résistants en leur fournissant des armes et les informations nécessaires.

L’Algérie sous Vichy, Jacques Attali, Stéphane Benhamou, France, 2021.

Le quatrième film est tout récent, 2021. Il est lui aussi basé sur un livre de recherches, celui écrit par Jacques Attali. L’année des dupes, un titre qui ressemble beaucoup à celui du film de Rami Kimhi et fait écho à une phrase de José Aboulker « C’est une journée de dupes ». Comme celui de Gitta Amipaz-Silber le livre de Jacques Attali met l’accent sur le sort des Juifs. Jacques Attali retrace les grandes lignes de la présence juive en Algérie. Il explique pourquoi, en novembre 1942, quand les Américains arrivent en Algérie, ils sauvent les Juifs d’Algérie d’une mort presque certaine. Attali dévoile le fait que le 31 octobre 1942 (une semaine donc avant l’Opération Torche), le Gouverneur de l’Afrique du Nord, Yve Châtel, avait commandé des étoiles jaunes destinées à être portées par les Juifs d’Algérie. Ces étoiles jaunes, en zone occupée, avaient mené les Juifs droit vers les camps de concentration. Attali souligne les différentes trahisons des Américains, qui ont promis des armes et ne les fournissent pas, qui changent de plan et ne veulent plus rentrer à Alger ce qui aurait sacrifié tous les conjurés qui en avaient occupé les postes clé, et surtout qui nomment comme chef suprême l’Amiral Joseph Darlan, le Numéro 2 de Vichy, antisémite notoire.

Toute cette recherche, dont le focus est les Juifs d’Algérie, se trouve utilisée dans un film remarquable dont le titre est trompeur : L’Algérie de Vichy. Cette « Algérie de Vichy » est racontée par des chercheurs (Juifs pour la plupart) dans une optique juive. Stéphane Benhamou et Jacques Attali ont signé là le plus beau film que je connaisse sur les Juifs d’Algérie –sans que le mot « Juif » n’apparaisse dans le générique.

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Ce qui est impressionnant, lorsqu’on parcourt ces presque 80 ans où plusieurs films sont consacrés à l’Opération Torche, c’est la manière dont les faits représentés se transforment. Dans les deux premiers films, Candlelight in Algeria (1944) et Le grand rendez-vous (1950), l’ennemi est clair : les Allemands. La complexité des dirigeants du régime de Vichy qui les fait ordonner à des soldats français de tirer sur des troupes qui viennent les libérer, n’est pas abordée. Quand dans la réalité les Français arrêtaient, emprisonnaient, dans le film, le rôle est donné à des Allemands alors qu’il n’y avait pas de présence armée allemande en Algérie. Il y a des choses qu’on ne peut pas dire et dans les années 50, l’affrontement des forces de Vichy contre les Alliés (qui ont fait pourtant, à Oran et à Casablanca, plus d’un millier de morts) est indicible.

La présence juive est aussi indicible. Il est vrai que dans le premier texte écrit sur l’Opération Torche par José Aboulker lui-même, un texte publié en 1943 dans Les Cahiers français, il est question de résistance française. Les Juifs sont des français –de confession israélite et la confession n’a rien à voir dans les faits qu’on raconte.

En 1986 (le livre de Gitta Amipaz-Silber), en 2015 (le film de Rami Kimhi) et en 2020 (celui de Stéphane Benhamou et Jacques Attali), les choses ont bien changé. L’identité juive est une chose dont on est fier et ces oeuvres la glorifient.

Ainsi le cinéma aide à montrer, plus que les faits, l’histoire des mentalités. L’oubli, ou l’insistance, vient enseigner surtout sur la mentalité des personnes qui créent le film.

Un nouveau film a été diffusé sur France 5 pour commémorer l’Opération Torche : Les Juifs d’Algérie : une résistance oubliée (Bernard George, 2022). Ce titre seul montre à quel point l’Opération Torche à Alger est maintenant associée au sort des Juifs d’Algérie.

D’autres films de fiction pourraient maintenant être tournés sur l’Opération Torche. Ils soulignaient peut-être le côté miraculeux des événements. À la fin de son film, Rami Kimhi place un chant de Pourim. Il faudrait effectivement souligner la coïncidence de date entre le
31 octobre 1942, date à laquelle sont commandées les étoiles jaunes, et le 8 novembre 1942, date à laquelle elles auraient pu commencer à être distribuées, envoyant les Juifs dans des camps d’internement déjà prêts –si les américains n’étaient pas arrivés. Pourim à Hechvan.

La date hébraïque du 8 novembre 1942, 28 Hechvan, mérite aussi d’être commentée. Cette date est celle de la sortie de l’Arche, dans la Parachat Noah. Il est beau que ce soit aussi la date de cette Opération Torche, date pivot de la deuxième guerre mondiale. Des dates qui sont des dates pivots, fin d’une période sombre et début, même presque invisible, du retour de la lumière.

Commentaires (1)

gozlan lucien
  • 1. gozlan lucien | 15/01/2023
Lucien Gozlan <gozlanlucien@gmail.com>
11 janv. 2023 11:26 (il y a 4 jours)
À Yehuda

Yehuda bonjour,
Je vous envoie le listing de toutes mes sources, des milliers et des milliers de pages.
Je connais toute l histoire dans tous ses details.
C est CHURCHILL qui reconnait : ''...nous devons tant a si peu d hommes, ils ont evite la mort de milliers de nos soldats...'
Et Raphael ABOULKER qui declare a la commemoration du 30 eme anniversaire :
''.......gozlan lucien | 16/10/2016

............ce mouvement patriotique etait a 80 % compose de juifs indigenes algeriens. Il est certain que Saint Louis a du se retourner dans sa tombe.
Si l on a justement donne la Croix de la Liberation a l ile de Sein, la Troisieme circonscription du Conseil General d Alger a joue un role plus decisif dans l hstoire de la guerre.
Docteur Raphael ABOULKER
gozlan lucien
2. gozlan lucien | 19/09/2016
"........Je veux detruire la stupide legende des bandes de copains de seize a dix huit ans qui auraient ete les heros de l affaire (dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942 a Alger).
Mais il ne faut pas confondre histoire de la guerre avec les aventures de Tintin......."
Raphael ABOULKER, cofondateur du groupe paramilitaire dit "Geo Gras" au 7 Place du Gouvernement a Alger.
Article paru sur les Nouveaux Cahiers Francais hiver 74-75, en reponse a l article de Bernard KARSENTY paru sur le meme journal du numero hiver 72-73.
Gozlan Lucien - "Les Oublies du 8 novembre 1942 a Alger".

Je vous envoie le listing de mes temoignages
Cordialement
Lucien GOZLAN

Lucien Gozlan <gozlanlucien@gmail.com>
Pièces jointes
11 janv. 2023 18:12 (il y a 4 jours)
À Yehuda

Voila tous mes temoignages en PJ.
C est le temoignage de Raphael ABOULKER qui est le plus pres de la realite de la preparation de l action du 8.11.42.
Il declare que Jose ABOULKER a exagere sur son importance dans cette preparation.
Il avait peu de personnes avec lui.
Le deuxieme qui a amene le plus de personnes [ beaucoup de jeunes ], c est MORALI DANINOS avec Jean ATTIAS.
Le plus grand merite revient a ceux de GEO GRAS.
C est eux qui sont intervenus le plus armes et le plus nombreux, au risque et peril de leur propre vie.
Tous les autres temoignages ne font que raconter leur propre presence, leur propre personne tout simplement.
Les seuls armes etaient les juifs et le listing de jeunes de d Astier place dans mon recit [ 80 noms ]
Coincidence incroyable, je vous colle le vendredi matin, 23 mars 1962 a la rue Eugene Robe a Nelson.
Temoignage de la fille du docteur MORALI DANINOS :
https://www.judaicalgeria.com/pages/temoignage-de-danielle-morali-daninos.html

''.... lucien GOZLAN | 13/05/2019
Cette photo est super.
Pourquoi ?
Je reviens au vendredi 23 mars 1962, sur la photo qu' il y a un entresol au dessus des magasins.
C' est donc bien la confirmation de mon récit de cette journée du vendredi matin.

Il y a eu un mot d ordre le jeudi après midi 21 mars 1962 à bab el oued : RDV a la rue Eugène Robe, au jardin Nelson, sur les 2 cotés de la rue.
Moi, j'arrive de l avenue de la Bouzareah, no 14, je prends l' avenue de la Marne et je descends par la rue Lestienne vers le jardin. Je vois beaucoup de monde des 2 côtés, je reste sur ma droite, sous les arcades.
Peut- être, a hauteur de ce numéro, j'ai aperçu une patrouille de militaires, derrière moi, a hauteur de l' église St Vincent de Paul qui s'engageait au milieu de la rue.
Le 16 rue Eugène Robe, vous m avez déclaré, dans notre conversation au téléphone, ce numéro est bien face au jardin, ni avant, vers le lycée Bugeaud, ni après, vers le jardin Guillemin.
Il y a eu un coup de sifflet strident explosant le silence qui régnait dans cette foule anonyme.
La foule a fondu sur les militaires, certaines personnes ont récupéré leurs armes, d autres se sont réfugies dans des entrées d immeubles, d autres ont fuit vers Bab el Oued.
J' étais dans les premiers escaliers de l' entrée d un immeuble, derrière moi, 2 ou 3 personnes dont une pleurait de ce choc inimaginable, il y a eu au moins 2 explosions de grenades qui ont du être lancées sur des fuyards.
Tout était devenu silencieux, pas un seul bruit, nous avions peur de sortir sous les arcades.
Certainement que les locataires du premier, c'est à dire de l entresol, derrière leur porte d' entrée ont du entendre nos échos de voix dans la cage d'escaliers, une porte s est ouverte pour nous demander de monter au 2 ème étage, c'est à dire, au premier balcon de la photo.
On a frappe a une porte, les locataires nous ont ouvert et par une fenêtre, nous sommes passes sur une terrasse couverte maçonnée qui devait certainement recouvrir les magasins du dessous.
Cette terrasse nous a permis de nous rendre sur les immeubles qui donnaient sur l' avenue de la Marne, cote arcades.
Sur cette terrasse, il y avait pas mal de personnes, certains avaient les armes récupérées sur les soldats, beaucoup de personnes étaient au balcon cote terrasse couverte.
D'un ou deux balcons, il y a eu des cordes qui ont été lancées pour remonter ces armes, un copain de l'école de la rue Rochambeau, qui fréquentait le Café Riche, M...L..., me voit, me demande ce que je fais sur cette terrasse.?
On passe ensemble, cote avenue de la Marne, il est avec un copain que je ne connais pas.
Dans les escaliers pour redescendre, il me déclare : ''..Lucien, j ai dans la poche mon ordre de mobilisation, qu est ce que je fais.?...''
Je lui propose de placer son papier sous les escaliers et de sortir les mains dans les poches pour revenir plus tard le récupérer.
Moi, je tourne vers la droite, en direction du square Guillemin, à la fin de l arcade, il y a un militaire, j'ai une autre idée, je rentre dans une boulangerie, je prends une baguette, je la place sous mon bras et j ose m avancer vers le militaire.
Je ne suis pas arrêté mais il me lance des propos provocants.
Je fais semblant de ne pas entendre et je file chez moi.
L' après midi, c' était le grand chambardement.
Voila donc la preuve du témoignage du docteur MORALI DANINOS qui déclare le 8 novembre 1942 qu en cas de visite imprévisible, ''il s enfuirait par le toit ''.
Le témoignage de monsieur Paul MOLKHOU, qui a répondu présent au rassemblement dans la nuit du samedi soir au dimanche 8 novembre 1942, il m avait déclaré que le docteur habitait dans un appartement pas élevé.? au 16 rue Eugène Robe.
Jean Marc, si vous avez la possibilité de vous renseigner, il serait intéressant de savoir a quel étage habitait le docteur MORALI DANINOS.?
A bientôt de vous lire.
Dernière information dans la nuit du jeudi 21 mars 2019 de la fille du docteur MORALI DANINOS habitant aux USA.
Nous habitions au 2 étage du 16 rue Eugène Robe, au 1 er étage de cette rue....''
Mes recits
http://www.judaicalgeria.com/pages/au-11-rue-bab-azoun-a-alger.html
http://www.judaicalgeria.com/pages/les-oublies-du-8-novembre-1942.html
https://www.judaicalgeria.com/pages/les-juifs-dans-la-resistance-operation-torch.html
Bonnes lectures.
Cordialement
Lucien GOZLAN

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